Impact sociétal du travail distribué

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Q1 – Est-ce que la fabrication distribuée et locale s’oppose nécessairement aux “giga-usines” ?

Le facteur d’échelle est régulièrement mis en avant pour opposer ces deux modèles. Si l’échelle des quantités est souvent mise en avant, c’est bien l’existence d’autres facteurs qui a permis au groupe d’évaluer la complémentarité des productions de masse et locales. Les échelles géographiques et celles des écosystèmes industriels sont particulièrement pertinentes dans ce cas. Un modèle d’industrie lourde peut s’avérer plus efficace dans les zones dont le maillage logistique est suffisamment efficient. A l’inverse l’isolement géographique et les faibles densités de population semblent favoriser la production locale. Au niveau des écosystèmes industriels, une production locale favorise l’emploie de matériaux dont les filières de recyclage sont maîtrisés sur la zone d’exploitation. L’impact écologique est alors plus faible que celui d’une industrie de masse.

La conclusion du groupe de travail est que contrairement à ce qui est couramment admit, l’impact environnementale d’un processus de production ne se résume pas aux échelles quantitatives. C’est donc bien la prise en compte de l’ensemble des caractéristiques d’une population de consommateurs qui détermine si elle doit s’orienter vers une production locale, ou une production de masse. Ces deux modèles sont complémentaires pour minimiser de façon globale l’impact environnemental de la production de biens.

 

Q2 – A l’heure où toutes les grandes entreprises industrielles nationales affichent leurs stratégies environnementales ambitieuses les PMI locales peuvent-elles encore lutter sur les indicateurs environnementaux ?

Le premier constat du groupe était que chaque acteur doit apporter une contribution face au réchauffement climatique. Le consommateur doit pouvoir favoriser un système plutôt qu’un autre. Ce qui nous renvoie à la pédagogie et aux indicateurs qui qualifient les impacts environnementaux des entreprises.

Sur les indicateurs d’ailleurs, les participants se sont particulièrement concentrés sur leur pertinence. Les dernières années ayant vu fleurir une multitude d’indicateurs parfois trompeurs sur les impacts réels des entreprises. Une vigilance particulière doit donc être portée sur ces indicateurs et la pédagogie qui leur est associée afin que les PMI et les grandes entreprises soient sur un pied d’égalité pour communiquer sur leur démarche environnementale.

 

Q3 – Comment articuler des échanges bénéfiques entre systèmes de production et conception locaux et usines à la demande centralisées ?

Une partie des réflexions sur ce sujet nous renvoient aux conclusions de la question 1, notamment sur la prise en compte des caractéristiques des populations de consommateurs concernées. L’ajout de la conception à la question a également guidée le groupe sur deux filières de conception hybride constituants des échanges bénéfiques entre systèmes locaux et centralisés.

Ce modèle hybride peut par exemple s’articuler autour de composants standards fabriqués en très grande série qui servent de base pour de la conception local. L’exemple des moteurs électriques utilisés pour la conception d’imprimantes 3D ou autres robots open-source est particulièrement pertinent. Il s’agit en effet de composants standards fabriqués à très grande échelle qui sont réutilisés par les makers du monde entier pour la conception de machines adaptées à des besoins spécifiques.

Un second cas a été identifié dans le retrofit ou upcycling. Un système ayant été produit à très grande échelle pour répondre à un besoin spécifique à une certaine époque peut alors être adapté lors d’un processus de conception local pour répondre à une nouveau besoin.

La réciprocité de l’échelle bénéfique doit toutefois être relativisée par le fait que chaque modèle peut constituer une menace pour l’autre et qu’un équilibre doit être maintenu pour que les deux modèles puissent coexister sur le long terme.

 

Q4 – Quel schéma idéal de production de biens dans une société de l’abondance, où tous auraient un niveau de confort égal tout en ayant un impact 0 sur l’environnement ?

La question a attirée les participants sur la différence entre l’abondance et un niveau de confort égal et généralisé. Par définition, quelque soit l’efficience du procès de production, l’abondance exige un apport infini de matière première. C’est d’ailleurs ce sentiment qui a principalement cristallisé le débat. Si le progrès et l’augmentation du niveau de confort doivent continuer d’avancer, c’est bien la notion d’abondance qui désaccorde aujourd’hui la consommation à la protection de l’environnement. La notion de frugalité semble donc nécessaire à la mise à place d’un schéma idéal de production qui serait en phase avec les contraintes environnementales.

Le temps n’a pas été suffisant pour évoquer la constitution du schéma de production. Les pistes de la robotisation et du dimensionnement au plus juste besoin ont toutefois été abordées.