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Sous-Thème 3 - Comment redonner du sens au travail en relocalisant l’emploi sans relocaliser l’aliénation des salariés ?
Le thème 3 prend le parti d’aborder la question du travail dans le contexte de la problématique de l’atelier : « La conception et la fabrication locales comme remèdes aux maux sociétaux et environnementaux des années 2020 ? ». À l’ère des « bullshit jobs », quels sont les risques et opportunités pour le travail à favoriser l’activité locale ?
Q1 – Est-ce qu’un travail qui a du sens est la même chose que trouver du sens au travail ?
La subjectivité de la notion de sens dissimule la notion de nécessité sociétale des activités. On ne vit pas pour travailler, mais on travaille pour vivre. Si le sens de notre vie est aligné avec l’activité de notre travail, ce travail a-t-il alors un sens pour nous ? Est-ce qu’un boulot alimentaire pour un individu mais indispensable pour la société a du sens ? Trouver du sens à un travail inutile peut permettre de supporter une activité désagréable, plutôt que de tenter de modeler son activité à ses besoins et envies, voire de changer d’activité. Dans un monde où de plus en plus d’activités sont dématérialisées, il devient en outre possible de concilier une conception et fabrication locales avec un travail global.
Q2 – Quelles origines à l’aliénation des salariés et quelles évolutions ?
L’aliénation des salariés n’est heureusement pas systématique. Lorsque l’objectif de l’activité est concentrée sur la performance ou le résultat économique, sans soin de l’épanouissement personnel des employés, il dépend alors bien trop de la force de caractère d’un salarié de ne pas subir son travail.
Des tâches répétitives ou trop spécialisée feront perdre de vue la finalité de son travail ou de l’activité de l’entreprise, niant ainsi tout sentiment d’accomplissement ou de réussite, de contribution. Si l’interaction humaine se résume à souligner l’impact individuel sur la productivité économique, le travailleur déshumanisé devient un rouage stressé de ralentir la machine.
L’optimisation à outrance va tendre au conformisme et à lisser les particularités et la créativité de chacun. Si ce qui nous rend humain n’est pas le bienvenu dans le monde de la productivité au travail, il exacerbe et se rend également complice de comportements sociaux nocifs qui seraient condamnés dans une communauté bienveillante et soucieuse du bien-être d’autrui.
Cyniquement, ce compromis à moitié subit entretien le confortable consumérisme de notre société capitaliste. Si la notion de confort ou de bien être, si la pression sociétale se déplaçaient de nos possessions et de nos loisirs technologiques vers des valeurs plus communautaires et d’épanouissement global, on peut imaginer troquer la performance économique vers une recherche du développement humain, de sens des activités de chacun. En réduisant la taille des groupes de travail et en relâchant la pression de performance et de croissance, on permettrait à chacun de s’épanouir et d’exprimer sa créativité.
Q3 – Quelles caractéristiques communes aux métiers qui favorisent l’émancipation des travailleurs ?
L’émancipation par le travail comporte une composante subjective liée au sens du travail. Les réflexions précédentes se retrouvent ainsi dans la présente et résonnent avec le thème de l’atelier et les valeurs des participants.
Dans une culture de conception et fabrication locales, l’intérêt communautaire sous-jacent reconnaît et met en valeur les activités qui bénéficient a autrui de façon directe et visible, ou qui s’opèrent en groupe.
Ces métiers s’attachent également à respecter des conditions de travail dignes et soucieuses de l’environnement dans lequel ils s’opèrent, ainsi qu’à susciter et cultiver le partage, l’apprentissage et la curiosité.
Enfin, l’émancipation passe par la rémunération, quelle que soit sa forme (monétaire, troc ou temps selon les valeurs dans la communauté), gage de reconnaissance de l’activité exercée par l’individu.
Lecture recommandée par un participant : « L’emploi est mort, vive le travail ! », Bernard Stiegler
Q4 – Est-ce que combiner plein emploi et un travail porteur de sens pour tous est une utopie ?
Ces objectifs ne sont pas forcément souhaitables. La nécessité du plein emploi vient de la fonction rémunératrice qui permet à l’individu qui l’exerce d’assurer sa subsistance. Si le fonctionnement sociétal peut être assuré sans plein emploi, il conviendrait de revoir le partage du travail ou sa fonction rémunératrice. L’activité dans laquelle chacun trouve du sens pourrait alors être décorrélée du travail nécessaire au fonctionnement sociétal, dans un monde idéal.